Notre histoire avec la Maison Radieuse de Rezé a commencé en 2007, lorsqu’une équipe d’habitants de l’immeuble a décidé de prendre en charge la gestion des espaces verts du parc entourant la copropriété.
Le parc s’étend sur une surface de 7ha. Les espaces verts entourant l’immeuble ont été créés au moment de la construction de l’ensemble en 1951. Ces premiers espaces verts sont principalement composés d’essences horticoles utilisées à l’époque de la construction. Cedrus atlantica ‘glauca’, Taxodium disticum, Pinus radiata, Pyracantha, Eleagnus ebeingei, Carpinus betulus, Prunus laurocerasus, Acer platanoides, Taxus bacata, Quercus robur, Pinus nigra sp, Forsythia, etc.
Dans un second temps, la copropriété a fait l’acquisition d’une parcelle de terre voisine. Cet achat a permis d’agrandir le parc et de compléter la surface horticole par une prairie entourée de vieilles haies bocagères.
L’immeuble est classé monument historique. Ce classement induit une protection du bâti ainsi que des arbres situés dans le périmètre. En longeant la copropriété par la rue Théodore Brosseau, on peut admirer une belle bande boisée qui bénéficie de la protection monument historique, et qui isole l’immeuble des bruits de la rue.
Lorsque nous nous sommes rencontrés avec les représentants du conseil syndical, l’équipe en place souhaitait mettre en place une gestion plus douce et respectueuse du parc. Les espaces horticoles se composaient en 2007 de pelouse pour une grande partie, de quelques massifs arbustifs, de haies et de grands bosquets d’arbres.
Nous avons débuté l’entretien en janvier 2007 ( pour rappel, les produits phytosanitaires étaient encore abondamment utilisés) avec pour objectif d’installer une gestion différenciée de l’ensemble des espaces. Les trois premières années ont marqué la transition avec l’ancienne gestion plus intense. Les allées ont été réduites par enherbement spontané, les formes des haies ont été arrondies, la fréquence et la saisonnalité des tailles modifiées pour être respectueuses des cycles végétaux et animaux.
En 2014, pour renforcer la protection de la prairie, un verger conservatoire a été créé. Les variétés anciennes de pommier, poirier, et prunier ont été fournis par l’intermédiaire de l’association Mission bocage et plantées par nos soins.
Seize ans plus tard, la physionomie du parc a changé. Les plantes spontanées ont pris une place plus importante dans la composition des espaces et le parc est reconnecté avec les saisons.
La grande prairie s’est diversifiée, les haies se sont étoffées, et dans les endroits laissés plus tranquilles des ronciers ont refait leur apparition. On observe aussi une dynamique de semis spontanés dans les zones de fauche, ce qui permet de prévoir un renouvellement des arbres.
Dans cet élan de changement, l’équipe du parc s’est aussi essayée au Land art avec le bois issu des travaux d’élagage et d’abattage. Des rivières de bois ont été créés à différents endroits du parc. Rien n’y a été fait pendant 15 ans et aujourd’hui, ces rivières sont devenues des haies. Elles ont redessiné la prairie et diversifié les milieux et les habitats.
Le résultat de ce travail se traduit concrètement par une augmentation des espèces d’oiseaux qui fréquentent la zone. Nous n’avons pas d’inventaire initial du nombre d’espèces présentes, néanmoins, selon nos observations et celles d’un ancien habitant de la Maison Radieuse, ornithologue amateur à la LPO qui continue le suivi des oiseaux du parc, cette augmentation est perceptible. Parmi les espèces que l’on peut observer pendant nos passages, on y croise la fauvette à tête noire, l’accenteur mouchet, le chardonneret élégant, les mésanges charbonnières, bleue et à longue queue, le faucon crécerelle, la buse variable, le pic vert et épeiche.
Ce temps écoulé permet de faire ce constat de diversification des milieux, mais aussi de la fragilité de certaines espèces d’arbres face aux changements climatiques. C’est devant cette réalité que les représentants du groupe parc du conseil syndical ont souhaité faire un état des lieux de l’état sanitaire du patrimoine arboré du parc et d’engager une réflexion sur une gestion à moyen terme pour anticiper des renouvellements.
Les résultats de ce travail ont permis de constater que la moitié des arbres étaient dans un état sanitaire moyen, avec des capacités de résilience à moyen terme limitées.
Une réflexion de renouvellement a été engagée afin d’anticiper le dépérissement des arbres en souffrance, de remplacer les arbres abattus et d’augmenter la diversité végétale du parc.
L’étude, que nous avons menée, a aussi fait ressortir les zones où les sols sont dégradés par compactage. Des préconisations de restauration de sol ont été conseillées pour venir compléter le travail de plantation, et augmenter le potentiel de résilience des arbres plus faibles.
Ces actions cumulées ont pour but de permettre au parc de s’adapter aux changements climatiques et sociétaux en cours.
Suite à cette étude, un programme de travail sur une dizaine d’années a été établi. La première tranche s’est déroulée en début d’année et a permis de restaurer 600 m² de sol tassé et de planter 500 m² de massifs composés d’arbustes locaux et de bosquets comestibles.
Ce travail s’est déroulé en concertation avec les habitants de la copropriété. Une continuité est même prévue avec la mise en place d’une équipe chargée d’assurer le suivi des plantations. Cette équipe sera formée par nos soins pendant ce printemps.
Avec les pluies hivernales et printanières abondantes, les réserves du sol sont bien remplies, les premières feuilles sont bien sorties et les plantes ont amorcé leur croissance, ce qui est encourageant pour la réussite de ce projet.